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Malicia Deschamps accroupit devant le
hublot de sa machine à laver récupère le linge et se dépêche d’aller l’étendre
dans le jardin. C’est si agréable de pouvoir le mettre dehors. Il sèche plus
vite que dans la maison, il sent le frais et surtout ça sent les vacances qui
approchent à grand pas. Son super sourire s’efface légèrement en pensant au
problème de garde des enfants pendant le mois de juillet, mois où son mari et
elle travaillent à temps plein. Cela va encore engendrer des disputes avec les
grands-parents : qui va les garder en premier et attention à respecter le
même nombre de jour. Rien que d’y penser Malicia perd totalement son sourire.
Cette année, c’est décidé, elle va faire un planning très serré.
Bon ! L’année dernière, ses
beaux-parents ont eu les enfants en premier. Cette année, ils partiront donc
avec ses parents d’abord. Voilà une bonne chose de décidée. Ensuite… Coup d’œil
au calendrier et « merde ! », ce foutu mois de juillet à 31
jours. La moitié de 31 étant 15.5, à moins de couper les enfants en deux, il ne
pourra pas y avoir égalité parfaite. Même problème que l’année dernière, mais
elle ne se rappelle plus qui les a eut une journée de plus. Et pas question de
compter sur les grands-parents pour donner la bonne réponse, ils vont tous se
plaindre d’avoir eut un jour de moins. Quand il s’agit de leurs petits enfants,
ils mentent comme des arracheurs de dents. Et impossible de séparer les
enfants, puisque elle en a trois : Julien 14 ans, Nina 12 ans et son petit
dernier, Tom 4 ans. Par acquis de conscience, elle va poser la question à
Robert son époux, mais elle ne se fait aucune illusion.
Son Mari, chercheur au CNRS, vit dans
un autre monde, une autre planète, celle des chercheurs. Alors, pour lui, la
maison est un lieu étrange où vivent trois extra-terrestres, ses enfants. Il
adore ces trois trolls, comme il les appelle, mais il se comporte plus comme un
grand frère, leur montrant comment faire péter une bombe à eau, que comme un
père responsable. Malicia pousse un soupire de découragement, parfois elle
aimerait qu’il se comporte en homme et non en éternel adolescent vivant dans
un monde parallèle. « Du coup, c’est toujours moi la méchante de
l’histoire, moi qui rappel les règles, moi qui rappelle à l’ordre » pense
t’elle en détendant le linge déjà sec. Elle pousse un soupire exaspéré, puis un
deuxième car, elle vient de se rendre compte, que pour la énième fois, les
chaussettes de son fils Julien ne vont pas par paire. Ce n’est pourtant pas
faute de lui avoir expliqué de les accrocher ensemble avant de les mettre dans
le panier de linge sale ! Mais rien n’y fait. Bien sûr, il jure de l’avoir
fait, pourtant le résultat est là. A moins que la machine à lavé est une dent
contre son fils et avale régulièrement ses chaussettes, en choisissant bien
évidemment, une par paire pour les dépareiller. Car c’est bien connu, les
machines à laver ont beaucoup d’humour et sont très taquines ! Bon, c’est peu
probable, mais le résultat est là. Sur six chaussettes lavées, seulement deux
vont par paire. Où sont passé les quatre autres chaussettes ?
Malicia, le panier de linge sous le
bras, file à la chaufferie, vérifie qu’elle ne les a pas oubliés dans la
machine. Rien. Elle vide sa corbeille sur la pile de linge à repasser qui l’attend.
Elle entend la porte claqué et un « M’an, j’suis rentré. » Sortie de
la lingerie, elle pense que son fils n’avait pas besoin de le lui dire. On peut
le suivre à la trace comme le petit poucet. Elle attrape les clefs de la maison
qu’il a jetée sur la table de la cuisine et va les accrocher au porte-clefs.
Dans le couloir, elle ramasse son cartable et se dirige vers sa chambre. Elle
bute sur ses baskets, laissé pèle mêle devant l’escalier menant aux chambres.
Elle les pousse du pied, décidant de les ranger au retour et monte l’escalier.
Elle s’arrête et frappe à la porte portant un gros sens interdit, puis entre
sans attendre la réponse. Elle reste un instant sans voix devant le parfait
désordre de la chambre. On se croirait devant une œuvre surréaliste à la
Salvador Dali ou à la Pablo Picasso. Peut-être que son fils devrait se mettre à
la peinture, il deviendrait surement célèbre !
- Bon sang
Julien ! Quand vas-tu te décider à ranger ta chambre ?
- Mais M’an, c’est
rangé !
- Tu trouve ? La
bouteille de jus de fruit vide et le paquet de chips, tout aussi vide, par terre,
c’est normal ? Tu n’a pas de poubelle dans ta chambre, peut-être ?
- Si, mais ça c’est
mis de côté.
- De coté ?
- Ouais, faut qu’je le
descende. C’est pour le tri sélectif.
- Tu t’intéresse au
tri, toi maintenant ?
- Bah ouais, faut bien
sauver la planète que vous avez foutue en l’air !
- Ok. Et le linge qui
traine sur ton lit, c’est pour économiser l’eau ?
- Bah non. C’est pas
sale. J’ les ai pas portés.
- Quoi ! Tu veux
dire que ce tee-shirt en chiffon fait partie du linge repassé que je t’ai donné
mercredi ? dit Malicia essayant de garder son calme.
- Bah ouais.
- Pourquoi tu ne l’as
pas rangé ? Maintenant, il est bon à repasser de nouveau !
- Pourquoi le ranger,
puisque je vais le mettre demain ou après-demain ? C’est une perte de
temps.
- Tiens, je t’ai rapportée
ces chaussettes, elles se sentent mal, vraiment très mal, parce qu’elles ont
perdues leurs moitiés.
- Ça va m’an, j’ai
plus trois ans. Je sais bien que les chaussettes ne sont pas tristes, dit
Julien en se mettant à quatre pattes pour regarder sous son lit.
Il
en ressort des chaussettes et un caleçon et les tends à sa mère.
- Peux-tu m’expliquer
comment elles sont arrivées là ?
- Aucune idée.
- C’est ça, dit
Malicia en soupirant. Elles doivent avoir une vie propre et elles prennent le
chemin de sous ton lit juste pour m’embêter.
- Bah p’t’être.
- Tu vas me faire le
plaisir de ranger ta chambre.
- Mais elle est
rangée !
- Mais bien sûr !
Les livres et les cahiers qui trainent partout, le tube de colle non fermé sur
la commode et les stylos qui trainent n’importe où, sans compter les jeux vidéo
qui ne sont pas à leur place, tu appelle ça rangé !
- Ma p’tite maman.
Faut qu’tu comprennes. J’ai ma propre logique et je m’y retrouve parfaitement
dans ce qui te semble être un bordel sans nom. Si je range, comme tu dis, je ne
retrouve plus rien.
Malicia préféra laisser tomber, elle
savait qu’elle n’aurait pas gain de cause. Même si elle l’obligeait à ranger,
se ne serait qu'en surface. Car, même si elle n’avait pas ouvert placard et
commode de sa chambre, elle savait parfaitement que tout y était jeté en vrac. En passant, elle ramassa la paire de baskets et alla les ranger dans le placard
à chaussure. Puis, elle retourna à la chaufferie déposer dans la machine le
linge sale que lui avait donné son fils. C’est à ce moment là seulement qu’elle
réalisa que Julien lui avait donné cinq chaussettes. Elle se retrouvait donc
avec encore une chaussette manquante.
P.S. Toute ressemblance avec
des personnes ou des personnages existants ou ayant existés serait purement
fortuite.
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