vendredi 20 décembre 2019

La magie de Noël


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Photo trouvée ici

               


           Angéline Angus adore Noël. Elle aime les lumières qui illuminent la ville le soir, l’odeur du sapin et des marrons chauds, les couleurs gaies des guirlandes et des boules de noël multicolores et le blanc magique et immaculé de la neige au réveil. Elle adore l’impatience des enfants, leurs yeux émerveillés devant les vitrines dont les décors rivalisent de joies et de beautés. Et par-dessus tout, Angéline croit aux valeurs de cette période de l’année : 


1   1.     Le Repos,
2   2.     L’Amour et le Pardon,
3   3.     L’Entraide et la Bonté,
4   4.     Le Partage,
5   5.     La joie de se réunir avec les personnes aimées,
6   6.     Le plaisir d’Offrir et de Recevoir.

            Pourtant en ce 24 décembre 2019, Angéline Angus est loin d’avoir le sourire impatient des autres années.

            Ce mois de décembre avait été de la folie au bureau. Elle avait enchainé les heures supplémentaires et avait même travaillé le samedi, n’ayant plus que le dimanche à consacrer à Nicolas, l’homme de sa vie. Nico s’était montré compréhensif et lui répétait sans cesse : « Ce n’est pas grave ma chérie, nous nous rattraperons après les fêtes ». C’est ce qui avait permis à Angéline de tenir le rythme. Elle s’était raccrochée à une idée folle de vacances en amoureux. N’est-ce pas ce que sous entendait Nicolas ? Ce serait un Repos bien mérité, surtout qu’elle devrait courir les magasins le 24 décembre pour dénicher les cadeaux idéals.
            Même si elle se doutait que se serait la cohue dans les magasins, elle s’était réveillé ce matin là, le sourire aux lèvres en chantonnant « Mon beau sapin». Elle avait stoppé net son chant en découvrant le petit mot que lui avait laissé Nicolas.


Angy
Je me rends bien compte que ce n’est pas la meilleur période de l’année pour te dire adieu, mais je n’en peux plus. J’ai rencontré quelqu’un d’autre qui me correspond mieux et que j’adore. Je te souhaite de trouver le même bonheur que le mien. Adieu ma chère Angy et ne m’en veux pas trop. Noël n’est t-il pas la période du pardon ? J’espère que nous resterons amis.
Joyeux Noël
Nicolas

            Angéline en resta sans voix un long moment, puis la colère prit le dessus. Lui faire ça, à elle et la veille de Noël en plus. C’était tous simplement monstrueux. Et en plus, il n’avait même pas eut le courage de lui expliquer les choses en face. Il était partie pendant son sommeil le lâche. Il allait voir où il pouvait se le mettre son pardon et son joyeux noël. Angéline attrapa son portable, composa le numéro de Nicolas et le traita de tout les noms d’oiseaux qu’elle connaissait. Quand elle eut raccroché, elle s’effondra en larmes dans la cuisine.

            Deux heures plus tard, Angy se décida enfin à bouger. Ce n’était pas parce que cet abrutit l’avait quitté, qu’elle devait gâcher les fêtes de Noël de sa famille. Elle alla se passer en hâte de l’eau sur le visage, pris son manteau et son parapluie et descendit dans la rue avec l’espoir d’attraper un bus ou un taxi. Elle grommela contre la pluie battante qui n’avait rien d’enchanteur, ni de magique. Bien entendu, arrivée à l’arrêt de bus, elle vit ce dernier s’éloigner sans un regret et pas moyen de trouver un taxi. Le seul qu’elle aperçut n’était pas libre et roula un peu vite dans une flasque d’eau l’arrosant de la tête au pied malgré son parapluie. Le vent qui soufflait doucement jusque là, se mit à prendre de l’ampleur. Elle resserra son manteau sur elle, courba le dos et avança en bataillant avec son pébroc contre le vent. Ce dernier finit par remporter la bataille et après avoir retourner son abri pour la  troisième fois, le pauvre  parapluie rendit l’âme dans un craquement sinistre. C’est donc trempée jusqu’aux os, qu’Angy entra dans le temple de la consommation : le centre commercial « les trois abreuvoirs » qui réunissait, sur trois niveaux, grandes surfaces, restaurations et boutiques en tous genres.

            Un sourire niais, nait sur son visage au son des chants de noël qui se propagent dans la grande surface bondée en cette veille de noël, en même temps qu’une douce chaleur se répand dans son corps, lui réchauffant le cœur, les mains, le nez et les pieds. Elle avance rapidement, décidant de commencer par la grande surface et de compléter ses achats, au besoin, dans les boutiques attenantes. Quand les haut-parleurs se mirent à égrainer « Vive le vent, vive le vent, vive le vent d’hiver… », Angéline perdit son pauvre sourire et se mit, tout en regardant son parapluie défoncé, à maugréer contre les imbéciles qui avaient écrit cette stupide chanson sur le vent. 

Un rapide coup d’œil aux caisses lui annonça l’ampleur du marathon qu’elle s’apprêtait à subir. Décidément, elle serait mieux sous la couette, un paquet de mouchoirs en papiers dans une main, une boite de crottes en chocolats dans l’autre, à pleurer son amour perdu, tout en regardant une comédie romantique. Angéline se redressa en se disant : « allez c’est la période du partage et cela commence par un sourire». Elle avança souriant aux personnes qu’elles croisaient, qui la regardèrent comme si elle débarquait de Jupiter ou comme une évadée de l’asile. Tous poussaient leur chariot d’un œil morne devant l’ampleur des achats qui les attendaient et qui allaient faire exploser leur budget. Il était évident que la magie de noël avait déserté ce lieu. 

Toutefois, Angéline ne voulais pas capituler. C’était noël que diable. Au rayon chocolaterie, elle se prit une boite de chocolat noir, détournant les yeux des « Mon chéri » qui la narguait dans leur boite rouge en forme de cœur. C’est alors qu’elle vit une femme d’environs soixante quinze ans, les cheveux courts grisonnants et des lunettes sur le nez, essayant désespérément d’attraper une boite de chocolat au fond d’une étagère. Elle avait visiblement le bras trop court. Aussitôt, Angy se précipita pour l’aider, espérant enfin, se voir gratifier d’un merveilleux sourire, d’un « merci » et d’un « joyeuse fête ». Cela lui mettrait du baume au cœur. Mais la vieille la regarda d’un œil noir et lui demanda de quoi elle se mêlait. Puis jetant n’importe où la boite que venait de lui attrapé Angéline, la vieille se détourna sans plus de façon. Angy poussa un soupire et fila au rayon des vêtements. Elle regardait une superbe écharpe en soie mauve lorsqu’elle ressentit une vive douleur dans le dos. Elle venait de recevoir un méchant coup de caddie de la retraitée de tout à l’heure. Cette dernière s’approcha un pauvre sourire aux lèvres. Angy, croyant que cette dernière voulait s’excuser, ne se méfia pas et se vit souffler la superbe écharpe qu’elle souhaitait offrir à sa mère, par la vieille qui partie en ricanant.
« Franchement elle commence sérieux à me les couper menu-menus, la Tatie Danielle » pensa Angéline avec colère. «Ah ! Les vieux on devrait les vendre à la naissance. Autrefois ont les enfermait dans les maisons de retraite pour avoir la paix, mais avec le baby boum, aujourd’hui c’est les maisons de retraite qui font BOUM. Du coup, ils nous cassent les pieds dans les grands magasins ! » bougonna-t-elle. Angy se rabattit sur la dernière écharpe du rayonnage, de couleur feuilles mortes, beaucoup moins gaie que celle que lui avait chourée Tatie Danielle.

Au rayon livre, elle chercha « Il est grand temps de rallumer les étoiles » de Virginie Grimaldi, pour faire découvrir cet auteur à sa cousine Lucie. Elle découvrit enfin le livre qu’elle convoitait tout en haut d’une étagère. Malgré tout ses efforts, elle ne réussit pas à l’atteindre. Plusieurs messieurs passèrent sans même chercher à l’aider. La libération de la femme ayant amené un nouveau phénomène : l’absence d’entre aide entre les hommes et les femmes. « A moins que ce ne soit l’entre-aide tout court qui se soit perdu en janvier et que l’on a toujours pas retrouvé en décembre ? » se demanda Angy. Elle dû donc courir après un vendeur, débordé de travail en ce jour de fête.

Deux heures plus tard, arrivée à la caisse, Angéline, fatiguée, avait perdu son sourire et sa croyance en la bonté humaine. Elle n’avait qu’une hâte rentrer chez elle pour prendre une douche bien chaude, se changer et rejoindre le cocoon familiale où sa mère, sa sœur et sa cousine la consolerait de la bassesse de ce monde et des hommes en particulier. 

Quand elle entra dans la maison de son enfance, Angy retrouva son sourire. Sa mère, sa sœur Marie et sa cousine Lucie l’entrainèrent dans la cuisine ou une douce odeur de cannelle vint lui chatouiller les narines. Une fois qu’elles eurent toutes déversées leur venin sur cet idiot de Nicolas, au point qu’il avait du entendre, non pas ses oreilles siffler, mais sonner les cloches de noël bien avant minuit, elles rejoignirent  le salon où son père servait l’apéritif. Lorsque la sonnerie de la porte se fit entendre, ils riaient tous d’une blague du mari de Lucie. Le regard que lui jeta sa mère en allant ouvrir fit craindre le pire à Angéline. Et elle avait raison. Ses parents avaient invité Tante Edna, surnommé la gestapo par les trois filles. En effet cette dernière passait son temps à poser des questions, même les plus indiscrètes. Elle voulait toujours tous savoir sur tout le monde et si possible avant tous le monde. Sa mère lui jeta un regard qui signifiait : « on ne pouvait pas la laisser seule pour Noël ». En effet, Tante Edna, n’ayant pas eut d’enfant se retrouvait seul depuis la mort de son époux. Angéline lança un pauvre sourire de compréhension à sa mère et dû subir toute la soirée les insinuations de sa tante sur son horloge biologique qui continuait de tourner et le fait que si elle n’y mettait pas un peu du sien pour garder un homme, elle finirait vieille fille avec des chats.
Angy qui se faisait une joie de cette réunion de famille, attendait maintenant avec impatience le moment des cadeaux, non pas pour le plaisir d’offrir et de recevoir, mais pour échapper à cette tante inquisitrice, à la fois juge et bourreau.
Quand enfin, Angéline pu s’éclipser de la fête, elle le fit avec une grande joie. Car pour elle cette année, il n’y eut pas de magie de noël, d’autant que les cadeaux de tante Edna allaient finir en vente sur internet.

Je vous souhaite à tous et à toutes de très bonnes fêtes et j’espère que la magie de noël vous visitera bien.

Joyeux Noël.

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