Lire en premier : L'effet domino
Pour la recette c'est (et l'image) : ici
J’aurais
adoré être magicienne, fée ou sirène mais je resterais à jamais une « moldue ».
A chacun son karma ! Et le mien c’est d’être documentaliste dans un
collège. Non que je ne m’y sente pas à ma place, j’adore les livres, leur
odeur, le bruit que font leurs pages quand on les tourne et surtout les
histoires qu’ils racontent. Le temps d’une histoire, je suis une autre, je vie
une autre vie.
Le voilà le problème, d’après mon
amie Liane, je ne vie ma vie qu’à travers les livres, une vie par procuration
en somme. Et ce soir là, quand Liane est entrée dans mon appartement, j’ai
sentit sa détermination. Même quand je lui ai fait valoir que je travaillais le
samedi matin, elle n’a pas lâché.
-« Julie, tu sors
ton nez de tes bouquins et tu viens avec moi à cette soirée. Tu n’es pas obligé
de rentrer tard ! »
Je
finis par céder et je l’ai suivit au « Blue Bird », la boite branchée
du moment. Leurs spécialités, des cocktails à base de curaçao Bleu, au nom qui
fond rêver : « Blue Lagoon », « Blue Océan », « Blue
Hawaïen » ou « Kir des Dieux »… Givre en sucre glace, fruit,
paille, petit parasol ou verre en noix de coco ajoute la note exotique. Le
décor fait lui aussi partie du rêve. Autour de la piste de danse de mini-cases
séparent les tables et fauteuils en rotin, des guirlandes de fleurs ajoute une
note de couleur, et le must : l’écran géant où mer et palmiers s’agitent
sous le regard de la lune juste devant la piscine. Tout est fait pour dépayser.
Jusqu’aux serveurs et serveuses qui portent des costumes hawaïens.
Franchement
comment résister ? Je commandais donc un « Blue Lagoon » pour me
mettre au diapason de cet endroit magique. Très vite, le « Blue
Lagon » faisant son effet, je rejoins mon amie sur la piste de danse et
m’agite sur les tubes du moment. Au troisième « Blue Lagoon », je me
souviens mettre lever pour accompagner les serveuses dans un hula endiablé. Mon
déhanché manquait de fluidité mais je m’en foutais, je m’amusais comme une
petite folle. C’est là que j’ai croisé un regard lagon bleu et que je pris mon
quatrième verre. C’est quelque chose qu’avec le recule, je déconseille
fortement. Car à partir de là, ma soirée est un trou noir sans fond, ou pour
rester dans le ton, un trou bleu sans fond. J’ai du plonger en apnée dans la
mer bleue azur de l’écran géant ou des yeux bleus qui me regardaient
intensément.
Lorsque
j’ai ouvert les yeux, un petit bonhomme avec un marteau s’était installé à
l’intérieur de mon crane et frappait mon front comme un dératé. Bon sang,
quelle migraine ! Je ne reconnais même pas ma chambre. Je ferme de nouveau
les yeux, espérant que ma vision refasse le point au bon endroit. C’est là que
je réalise qu’il y a un poids, pour ne pas dire un bras qui repose sur mon
ventre. J’ouvre de nouveau les yeux et tourne la tête, un peu trop vivement au
goût de mon crane. Il est évidant que je dois absolument fonctionner au
ralentit si non, je risque une explosion cérébrale. Je regarde l’homme, nu
comme un ver, endormis à mes côtés. Mon dieu ! J’ai couché avec Morphée en
personne à moins que ce ne soit un dieu grec, tout a fait possible, je me
rappelle avoir goûté au « Kir des Dieux ». Je contemple pendant un
moment la peau bronzé, le corps musclé, les tablettes de chocolat et je décide
de ne pas aller plus loin car je viens de me rappeler que l’on est samedi et
que je suis attendu au boulot. Et merde ! J’ai foutu quoi de mes
fringues ? Comme le petit poucet, je les ai semés de la chambre à la
porte, sans doute pour retrouver mon chemin. Je m’habille au fur et à mesure où
je me suis, visiblement déshabillée hier soir et je quitte l’appartement sans
bruit, pour ne pas réveiller le bel Apollon endormis.
Au
volant de ma petite Clio jaune poussin, j’essaye de rassembler mes souvenirs
sur la soirée de la veille. Bon sang ! Réfléchir ne fait qu’empirer ma
migraine. Une chose est sûr, à ma langue chargée et à mon crane qui menace d’exploser,
j’ai bu plus que de raison. Le « Blue Lagon » est du genre traite. Il
se fait croire doux et gentil, et vous attend au tournant le lendemain matin. En
tout cas, tout ça ne me dit pas qui était le type dans les bras duquel je me
suis réveillée ce matin. Vu que j’étais dans le plus simple appareil, Morphée, nommé
ainsi car il dormait à mon réveil, n’étant pas plus habillé que moi, on n’a pas
dû faire que dormir. Apollon lui irait beaucoup mieux, ce type était beau comme
un dieu grec. Quel idiote, j’ai quitté l’appart sans lui laisser mon numéro, à moins
bien sûr, que j’ai pensé à lui filer hier soir. Chose improbable au vu de mon
état ce matin, il y a fort à parier que mon cerveau était bien trop embrumé par
les vapeurs d’alcool pour penser à ça. Je ferais mieux de me dépêcher un peu. J’ai
besoin d’un antidouleur, d’une douche, d’un café et de me changer. Et peu
importe l’ordre dans lequel je vais le faire. En retard pour en retard, autant
faire la totale et le lavage des dents avec bain de bouche est franchement
obligatoire ! Pourvu qu’aucun prof n’ait réservé le CDI ce matin. Rien
qu’à penser aux élèves entrant en trainant les pieds, les chaises et leurs
sacs, ma migraine augmente.
Arrivé
chez elle, Julie fonça à la salle de bain pendant que le café coulait. Après sa
douche, elle s’enfila deux cafés avec un antidouleur. Prix son sac au vol et
retourna dans sa Clio, direction le collège. Elle aurait au moins quinze
minutes de retard. Son esprit retourna vers les yeux lagon bleu et elle chercha
pour la millième fois qui il était.
Julie
Marcelin vit la voiture devant elle piler brusquement, elle appuya de toutes
ses forces sur la pédale de frein, la voiture derrière fit de même mais ne put
l’éviter et poussa la petite Clio dans la voiture devant elle. Un bruit de tôle
froissée se fit entendre ainsi que des hurlements venant de toute part. Julie
perdit connaissance.
Autour
d’elle c’était la cacophonie, des cries et des pleurs s’ajoutait au hurlement
des sirènes des pompiers et ambulanciers. Julie referma les yeux, regrettant
que l’antidouleur ne fasse pas encore effet. Une belle voix grave et chaude
l’appelait doucement : « Julie, réveille toi ma belle, tout va bien
se passer ». Elle ouvrit lentement les yeux et croisa ceux couleur Blue
Lagoon d’hier soir. Elle devait être morte dans l’accident et son dieu grec
l’attendait en souriant.
-« Julie as-tu
mal quelque part ? »
Je lui souriais bêtement en lui
répondant qu’au Paradis on ne souffrait pas, ce qui le fit sourire à son tour
sans toute fois ôter cette barre d’inquiétude que je pouvais voir sur son
front.
-« Julie, tu vas
devoir garder ton calme, ta portière est coincée, je vais devoir la découper
pour te sortir de là. Tout va bien se passer tu verras. »
Ethan Granger devait faire vite, lui
et ses collègues s’inquiétaient de tout le sang qu’il pouvait voir sur son
front, ses vêtements et dans l’habitacle de la voiture. L’incohérence de Julie
ajoutait à leur inquiétude. Une fois sortie de la voiture, Julie fut conduite
rapidement aux urgences. Là, il s’avéra que le sang sur les vêtements de Julie
n’était pas le sien, mais celui de son vernis à ongle « rouge
vampire ». Seul celui de son front, dû à un éclat de verre était le sien.
Julie qui sortait d’une voiture en accordéon s’en sortait juste avec une légère
commotion cérébrale et une légère cicatrice, à la Harry Potter.
Ethan, sapeur pompier de son état, vint lui
rendre visite à l’hôpital avec un magnifique bouquet de fleur bleue. Et
l’attendit le jour de sa sortie. Il lui fallu peu de temps pour la convaincre
d’emménager chez lui et deux ans plus tard Julie et Ethan se marièrent et
firent la fête au « Blue Bird » qu’ils avaient réservés le temps
d’une soirée.
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