Martine
a passé sa vie à s’occuper de René son époux et de son fils Julien. Puis,
Julien a grandit, a quitté le cocon familiale ou plutôt le giron maternelle
pour vivre sa vie d’adulte. Martine a continué à jouer son rôle d’épouse
irréprochable : entretient de la maison et du jardin, écoute attentive des
problèmes de René, réception de ses clients avec pour tâche de s’occuper des
dames de ses messieurs… Martine n’a qu’une hâte que René atteigne l’âge de la
retraite. Là, ils pourront enfin sortir, aller au théâtre, voir des
expositions, aller au cinéma, voyager… Vivre une vie à deux sans contrainte.
Lorsqu’elle en parle à René, il lui sourit gentiment, l’embrasse sur le front
et lui murmure : « Bientôt ma chérie, bientôt ».
Et
enfin le grand jour est arrivé, René l’a fêté au bureau entouré de ses amis,
collègues et clients. Il est rentré ce soir là, très tard, un peu beaucoup éméché
et n’a même pas remarqué la jolie table dressée pour deux dans le patio, ni le
cadeau dans l’assiette. Le lendemain, René a remercié sa femme pour son joli
cadeau et, migraine oblige, est allé se vautrer sur le canapé, télécommande en
main.
Les
jours passent et Martine a l’impression d’avoir une statue à la maison, une
statue qui squatte le canapé depuis un mois déjà. Bien sûr, elle lui parle de
son désir de sortir, mais la réponse est toujours : «Plus tard ma chérie,
je suis fatigué. J’ai travaillé dur toute ma vie (sous entendu pas toi qui est
resté à la maison), j’ai bien le droit de me reposer un peu maintenant. »