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Martine
a passé sa vie à s’occuper de René son époux et de son fils Julien. Puis,
Julien a grandit, a quitté le cocon familiale ou plutôt le giron maternelle
pour vivre sa vie d’adulte. Martine a continué à jouer son rôle d’épouse
irréprochable : entretient de la maison et du jardin, écoute attentive des
problèmes de René, réception de ses clients avec pour tâche de s’occuper des
dames de ses messieurs… Martine n’a qu’une hâte que René atteigne l’âge de la
retraite. Là, ils pourront enfin sortir, aller au théâtre, voir des
expositions, aller au cinéma, voyager… Vivre une vie à deux sans contrainte.
Lorsqu’elle en parle à René, il lui sourit gentiment, l’embrasse sur le front
et lui murmure : « Bientôt ma chérie, bientôt ».
Et
enfin le grand jour est arrivé, René l’a fêté au bureau entouré de ses amis,
collègues et clients. Il est rentré ce soir là, très tard, un peu beaucoup éméché
et n’a même pas remarqué la jolie table dressée pour deux dans le patio, ni le
cadeau dans l’assiette. Le lendemain, René a remercié sa femme pour son joli
cadeau et, migraine oblige, est allé se vautrer sur le canapé, télécommande en
main.
Les
jours passent et Martine a l’impression d’avoir une statue à la maison, une
statue qui squatte le canapé depuis un mois déjà. Bien sûr, elle lui parle de
son désir de sortir, mais la réponse est toujours : «Plus tard ma chérie,
je suis fatigué. J’ai travaillé dur toute ma vie (sous entendu pas toi qui est
resté à la maison), j’ai bien le droit de me reposer un peu maintenant. »
« Et
moi dans tous ça, je me repose quand, qui m’aide à la maison et au jardin, qui
m’a jamais aidé d’ailleurs, n’es-je pas le droit de vouloir autre chose moi
aussi ? » demande-t-elle à son fils pour la centième fois. Julien,
qui comprend parfaitement qu’à leur âge ses parents soient fatigués, décide
d’offrir les services d’une aide ménagère à sa mère. Après tout, il leur devait
bien ça, même s’il savait que son père aurait pu aisément le faire, mais il
était évident que cela ne lui viendrait jamais à l’esprit. Et puis, ils ne vont
pas aller en rajeunissant, quelqu’un qui veillera sur eux quand il est rentré à
Paris, quelqu’un qui passera tous les jours voir si tous va bien, c’était plutôt
rassurant. Ça décision étant prise, le lundi suivant il contacta l’agence pour l’emploi,
la plus proche de ses parents et demanda à ce qu’on lui envoi les C.V. des
candidates possible. Quelques temps plus tard, Julien commença à recevoir C.V.
et lettres de motivation :
Monsieur,
Président de l
‘alliance intergalactique, c’est tout naturellement que je vous présente ma
candidature au poste de garde du corps pour vos parents. Lors de mes
précédentes fonctions, j’ai contribué à repousser les forces du mal et
notamment de nombreuses attaques de la part des petits gris (pas les escargots)
qui menaçaient la paix de notre galaxie et par vois de conséquence de notre
belle planète. Je sais également tenir mon vaisseau interstellaire en bon état
de marche et il est d’une propreté immaculé. Je tiens mes compétences des Zazayel translucides de la planète Zoltron.
Je pense donc avoir les compétences nécessaires pour manager vos parents et serais très heureux de m’occuper de leur maison comme j’ai pris soin de mon vaisseau.
N’hésitez pas à me contacter à tout moment pour me fixer un rendez-vous.
Je pense donc avoir les compétences nécessaires pour manager vos parents et serais très heureux de m’occuper de leur maison comme j’ai pris soin de mon vaisseau.
N’hésitez pas à me contacter à tout moment pour me fixer un rendez-vous.
Je vous prie
d’agréer, Monsieur, l’expression de mes salutations distinguées.
Julien reposa la lettre, encore sous le choc et pensa que ses
recherches commençaient mal. La suivante ne fut guère mieux.
Monsieur,
J’ai longuement
discuté de votre offre d’emploi avec mon perroquet ce matin et il m’a convaincu
d’y répondre. Néanmoins, il trouve que le salaire n’est pas assez élevé. Il est
prêt à négocier une partie de la rémunération en graines ou en fruits confits puisque
lui aussi tiendra compagnie à vos parents et que tous travail mérite salaire.
N’ayant pas de
logement fixe ne ce moment, nous nous proposons d’emménager chez vos parent,
pour instaurer une surveillance de tout les instants.
Si vous donnez suite à mon courrier, veuillez dire à vos parent que j’ai une nette préférence pour le bordeaux (pas la ville hein ! le vin.). Le perroquet vous embrasse.
Si vous donnez suite à mon courrier, veuillez dire à vos parent que j’ai une nette préférence pour le bordeaux (pas la ville hein ! le vin.). Le perroquet vous embrasse.
Heureusement pour Julien les lettres
suivantes furent plus sérieuses, trop pour certaines. Après avoir éliminé des
lettres plus proche du Reich que de peace and love, Julien pris rendez vous
avec quatre candidate dans un café proche de chez ses parents. Au troisième
rendez-vous, dès qu’il la vit entrer, il sut que ce serait elle. Elle avait
tous pour plaire à sa mère. Une quarantaine d’année, une mise simple mais
coquette et surtout le sourire aux lèvres. Après un cours entretien, Julien
embaucha Anita Galland, pour aider sa mère dans ses tâches ménagères.
Julien
ne s’était pas trompé, l’arrivée d’Anita dans la maison se fit en douceur et
sans heurt. Elle prit sa place comme si elle avait toujours été là et très vite,
elle se lia d’amitié avec Martine. Au bout de quelques semaines, Martine
commença à confier son désir de sortir, d’aller à des expositions, au cinéma …
Mais qu’il n’y avait pas moyen de bouger René, même avec un Palan !
-« Pourquoi ne pas sortir
avec vos amies ? » demanda Anita.
-«Parce que je n’en ai pas. Nous
avons déménagé souvent pour le travail de mon époux. Et les seules femmes que
j’ai réellement côtoyées ceux sont les épouses de ses collègues ou de ses
clients. Rien à voir avec des amies, je le crains. »
-« Pas de problème !
Rejoignez-moi au café « club », dans le centre, je vous présenterais
mon cercle d’amie. »
-« Voyons Anita, vous n’y
pensez pas ! Que ferais une vieille bique comme moi avec des jeunette de
votre âge ? »
- Mais détromper vous. La plus
jeune à trente cinq ans et la plus âgé est de loin votre ainée. »
Martine
la regarda interloqué ? Son ainé vraiment ? Mais comment étais-ce
possible ?
-« Notre petit groupe
fonctionne très bien comme ça, les plus jeunes apportent un petits grains de
folies, des idées de sortie et les anciennes, leur sagesses, leurs conseils et
leurs savoirs. Alors vous venez ? Cette après midi à 15h00 au café
« club ». Je vous assure que vous ne serez pas déçue.
Et
effectivement, Martine ne le fût pas. Anita la reçue dès son arrivé et la guida
jusqu’à une grande tablée de femmes de styles et d’âges différents. Anita fit
rapidement les présentations et Martine fit peu à peu connaissance avec :
Sophie,
35 ans, mère au foyer et un brin fofolle. Le clown de la troupe, toujours partante
pour tout, du moment qu’elle arrivait à faire garder Roxanne 6 ans et Samuel 8
ans. Heureusement, elle avait une mère compréhensive et qui adorait ses petits
enfants.
Venait
ensuite Alinia, la quarantaine bien tassée, petite lunette ronde et un air sérieux
pour ne pas dire un peu froid. Si Sophie était du genre jeans baskets et rire,
Alinia était plutôt du style petit tailleur, talon haut et raisonnable.
« Comment deux femmes aussi dissemblable pouvait-elle s’entendre » se
demanda Martine ? Le temps lui fit comprendre que la froideur d’Alinia
cachait en fait une grande timidité et un très grand cœur.
Ensuite,
le rire tonitruant de la rouquine placé à sa droite, mis d’abord Martine très
mal à l’aise. Le Style bohème de Calicia, de son vrai nom Sidonie, allait très
bien à cette artiste peintre, de cinquante ans, qui vendait principalement ses
toiles aux touristes l’été. Le groupe était pour elle un moyen de sortir son
nez de ses pinceaux et de voir du monde, puisqu’elle vivait seule depuis son
divorce dix ans plus tôt.
Marie
quant à elle avait le même âge que Martine, 62 ans. Et ce qui les fit beaucoup
rire, elles étaient toutes les deux nées au mois de février. Marie était
son ainée de deux jours. Toutes deux se ressemblaient beaucoup tant par la
couleur brune de leurs cheveux que leur style vestimentaire. Petite robe d’été
fleurit et joli foulard autour du cou. Mais la ressemblance s’arrêtait là,
puisqu’il était connu de toute qu’à la maison, c’était Marie qui portait la culotte.
Et son homme n’avait qu’à bien se tenir. Pas question qu’elle fasse seule les
travaux ménagés.
Et
enfin, Ginette la doyenne du groupe, âgé de 75 ans, qui regardait tous ce beau
monde avec un doux sourire. Et qui accueillit Martine comme si elle faisait
déjà partie de leur cercle d’intime.
Et
c’était le cas. Il ne fallu pas une heure à Martine pour se sentir en accord
avec ses femmes et accepter d’aller le lendemain après midi, à une exposition
des peintures de Calicia.
Le
lendemain, Martine se pomponna, donna un baiser sur la joue de René, lui
expliquant qu’elle allait à une exposition de peinture d’une amie. René
bougonna un « oui, oui », tout en gesticulant de droite à gauche car
pour lui parler, Martine s’était placée devant l’écran de télévision, seul
moyen pour se faire remarquer. Elle sortie en soupirant, ayant espéré un
instant qu’il souhaiterait l’accompagner, suite au « peut être »
qu’il lui avait servit hier soir au dîné, lorsqu’elle lui en avait parlé.
Martine
apprécia beaucoup l’exposition et acheta un paysage marin pour mettre dans son
salon. Ensuite, les filles, laissant Calicia à son expo, filèrent à leur
« club » de ralliements. Après avoir passé commande, elles
discutèrent de l’exposition et du talent de Calicia, avant de prévoir leur
prochaine sortie.
Le
temps filait et Martine s’amusait beaucoup avec ses nouvelle amies. Elle avait
aussi fait connaissance de Marc et de Frédérique, un couple sympathique, très
gai, ayant toujours le mot pour rire. Mais elle n’osait encore sortir qu’en
journée. Lorsqu’elle parlait à René d’aller au théâtre ou à un concert, il lui
répondait toujours la même chose : « on verra, on en
reparlera ». Et bien entendu il ne quittait pas son canapé. Il en était
devenu une extension.
Un
jour ou les filles, ainsi que Marc et Frédérique, étaient tous réunis, Martine
craqua et expliqua sa situation maritale. Son envie de partager des choses avec
l’homme qu’elle aimait, de se fabriquer des souvenirs avant d’être grabataire ou
morte ! La réponse fusa, unanime : « sort sans lui ».
-« Et fait lui peur »
lui dit Marc.
- « Peur ? »
questionna Martine.
- « Oui, Marc à raison. Nous
allons te relooker lui dit Sophie. Je vais t’aider à te trouver de nouvelles
tenues, t’inquiète, je tiendrais compte de tes goûts. »
-« Et un rendez-vous chez le
coiffeur s’impose », ajouta Anita.
-« Je ne vois pas en quoi
cela lui fera peur ! Il ne le remarquera même pas. Il y a bien longtemps
qu’il ne me regarde plus, je fais partie des meubles, de son petit
confort », ajouta Martine tristement.
-« Sans doute, lui dit la
douairière de ses dames, mais si en même temps tu te mets à sortir le soir, il
y a fort à parier qu’il le remarque et rapidement en plus. »
-« Aller, ça te coûte quoi
d’essayer ? Fait flamber sa carte bleue » dit Sophie en riant.
Martine
suivit les conseilles de ses amies, où plutôt suivit Sophie d’un magasin à un
autre, pour finir chez un coiffeur visagiste très réputé. Quand tout fut finit,
Martine eut du mal à se reconnaitre, elle avait rajeunit de dix ans. Son moral
sans ressentit et dans sa tête aussi il y eut du changement. Comme prévu, René
ne remarqua même pas la transformation de sa femme, tout au moins celle qui ne
concernait pas son petit confort. Mais quand Martine lui annonça qu’elle
sortait au restaurant ce soir et qu’il devrait se débrouiller seul pour son
repas, là un déclic se fit en lui.
René
avait eut une belle vie. Il avait eu la chance de trouver un emploi qui le
passionnait et de grimper très vite les échelons. Sa paye était conséquente et
lorsqu’il était passé cadre, son confort augmenta lui aussi avec l’achat d’une
très belle maison, avec un grand jardin, une véranda et une piscine. Il allait
jouer au golf très régulièrement, avait un beau garçon qui avait réussit dans
la vie aussi bien que son père. Oui, la vie lui avait sourit. Il avait eu aussi
de la chance de rencontrer Martine. Un joli brin de fille, la main sur le cœur
et toujours prête à lui faire plaisir. Elle tenait correctement sa maison et
savait parfaitement cuisiner, un vrai cordon bleu. Ce qui lui avait évité bien
des fois de sortir le portefeuille au restaurant, mais plutôt d’inviter
collègues et clients à la maison, sous prétexte de plus d’intimité pour parler
boulot. Et les choses n’avaient en rien changé depuis sa retraite. Il suffisait
de demander pour avoir : une bière bien fraîche, un lapin sauce moutarde,
le journal du matin… René vivait en pacha dans son canapé, les doigts de pied
en éventail, à profiter de ce qu’il s’était offert lorsqu’il travaillait. De là,
il avait vu sur le grand écran de la télé mais aussi, par la baie vitré, sur le
jardin et la piscine. René était heureux ! Jusqu’au jour où cette Anita avait
mis les pieds à la maison. D’abord, elle emmena Martine à des réunions, des
expositions, au cinéma… Et bien sûr, il n’avait plus personne pour lui servir
sa bière. Puis, il trouva cela plutôt bien car Martine le bassinait moins avec
ses sorties et ses vacances.
Mais
là, c’était trop fort ! Madame sortait le soir sans lui avoir préparé le
repas et avait décidé que puisqu’il vivait dans le salon, se serait à lui de
l’entretenir, en bref, d’y faire le ménage. Et puis quoi encore ! Il avait
bossé toute sa vie, il méritait bien un peu de repos pour ces vieux jours. Tout
ça s’était la faute de ses copines, à coup sûr c’étaient-elles qui lui mettaient
toutes ces âneries dans le crane. Et s’il y avait un homme là-dessous ?
C’est vrai pourquoi à t’elle eut besoin de changer de coiffure et de vêtements ?
Elle lui plaisait-elle qu’elle était sa Martine !
René
commença à espionner sa femme. Il lui fit les poches, vérifia les SMS qu’elle
recevait, vérifia que le film ou la pièce de théâtre qu’elle allait voir était
bien à l’affiche. Mais rien, il ne trouvait rien de suspect. A cours d’idée, René
prit le téléphone et appela son fils à son secours. Bien sûr Julien répondit à
son père qu’il était en train de se faire un film, mais il décida de venir les
voir le week-end suivant pour en avoir le cœur net et pour rassurer son père.
Quand
Julien arriva, il fut sidéré de voir sa mère avec un entrain, une vivacité
d’esprit et un humour qu’il ne lui connaissait pas. En plus, avec son nouveau
look, elle avait rajeunit de dix ans. Pendant le repas, elle lui demanda de ses
nouvelles et de lui parler de ses petites amies. Elle lui confia son désir de devenir
grand-mère et enfin, elle lui parla de ses nouvelles amies : Anita,
Sophie, Alinia, Calicia, Marie, Ginette, Frédérique et Marc. Marc ! René
bondit de sa chaise :
-« J’en était sûr ! Tu
vois, explosa-t-il, prenant son fils à témoin, quand je te le disais. Et elle
nous en parle comme cela discrètement. Et elle le glisse dans la conversation
sans aucune gêne. »
Martine regarde son époux, interloquée.
-« Ne fait pas comme si tu
ne comprenais pas, ne joue pas les innocentes, te voilà démasquée ! »
-« Démasquée ? Démasquée
de quoi ? »
-« Je t’en pris calme toi
papa. Maman a sûrement une explication. »
- « Mais bien sûr qu’elle en
a une, des copines, elle vient de te le dire ! »
René furieux quitta la pièce en
claquant la porte.
-« Mais, qu’est-ce qui lui
prend ? » demande-t-elle à son fils.
-« Papa est persuadé que tu
as un amant, alors quand tu as parlé de ce Marc… »
Martine
regarde son fils un moment sans comprendre, puis elle éclate de rire. Elle rit
tant et tant qu’elle n’arrive pas à expliquer la situation à son fils qui la
regarde interloqué.
-« Je vais te confier un
secret, mais attention pas un mot à ton père. »
-« Mais
pourquoi ? »
-« Parce que cela lui fera
les pieds. Il est très important qu’il se réveil et arrête de me considérée
comme une boniche, un meuble ou pire, une potiche. »
-« Je te promet de ne rien
dire. »
-« Alors sache que Marc est
en couple avec Frédérique depuis six ans maintenant. Marc est fou de lui, et si
un jour il décide de le quitter, ce ne sera surement pas pour une femme ».
Voyant
son fils mettre un temps à réagir, elle ajouta en riant :
-«A mon avis ton père ou toi,
auriez beaucoup plus de chance que moi. »
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