Monsieur
et Madame Legrand habite au 32 de la rue Bric à Brac. Ils ont emménagé par un
beau jour de printemps. Comme la tradition l’exige, Monsieur Legrand a fait
passer le pas de la porte à son épouse en la portant dans ses bras.
L’appartement qu’ils venaient d’acheter, pour une poignée de cerises, était
très spacieux, bien situé, lumineux et avec une jolie vue sur le parc. Bien sûr, vue le prix
dérisoire de cette acquisition, vous vous doutez bien qu’il y avait un loup (au
sens figuré bien évidemment !), en fait juste une porte qu’il ne fallait
jamais ouvrir, sous aucun prétexte. Evidemment, les Legrand avaient rit sous
cape des superstitions de la rue Bric à Brac et de l’agent immobilier.
Mais
tout de même, il y avait quelque chose d’étrange avec cette porte. D’abord elle
n’avait pas le même aspect que les autres, ensuite on avait le sentiment de la
voir sourire, de ces sourires étranges, mauvais, qui ne présagent rien de bon
et qui vous met un frisson glacé dans le dos. Et enfin, en passant près d’elle,
on avait l’impression de l’entendre vous appeler pour que vous l’ouvriez et
parfois même, on pouvait la sentir vibrer comme si elle cherchait à s’ouvrir
toute seule. Cette porte se situant au fond d’un long couloir, monsieur et
madame Legrand avaient pris l’habitude de l’éviter, tout simplement.
L’appartement était suffisamment grand pour qu’ils n’aient pas besoin des
pièces du fond.